Pratique de
la psychologie scolaire

Georges COGNET :
psychologue clinicien et responsable pédagogique du DEPS (Diplôme d’état de
psychologue scolaire) à l’Université Descartes.
Françoise MARTY :
Directeur de la formation DEPS, professeur de psychologie clinique et
psychopathologie, Université Paris Descartes.
Mission de la psychologie à l’école
aujourd’hui : à la fois du côté de l’évaluation des capacités cognitives
et du côté de ses modes de fonctionnement au plan de la vie psychique.
Aide auprès des enfants, de la
famille, des enseignants et relations auprès des intervenants du champ du
sanitaire et social.
Prendre en compte l’enfant
dans sa dynamique globale et non juste penser les difficultés de l’enfant dans
la dimension des apprentissages qui réduirait la problématique de l’échec
scolaire à la seule dimension d’un dysfonctionnement cognitif.
Ø Création
de la psychologie scolaire en France
René ZAZZO 1910-1995, français,
fondateur de la psychologie scolaire.
Selon lui, la présence
constante d’un psychologue dans les écoles serait bénéfique. Un psychologue qui
s’occuperait de tous les cas graves d’inadaptation.
ZAZZO rencontre GESELL,
psychologue et pédiatre américain, qui a inventé le terme psychologue scolaire
en 1915.
ZAZZO s’inspire également des
travaux de JADOULLE.
Henri WALLON (psychologue
allemand 1867-1947), inventeur du QI, ouvre son laboratoire dans une école française.
1946 : 1ers postes de psychologues scolaires dans une académie-test en
Isère. Objectif :
-aide pour les écoliers en difficulté
- Indications pour l’orientation
scolaire
-analyse des programmes et
méthodes en matières d’enseignements.
En 1948 : ZAZZO développe
la psychologie scolaire dans les lycées. La plupart sont des profs de philo ou français
avec une formation en psychologie.
Ø Travail
en équipe
1970 : création du GAPP
(groupe d’aide psychopédagogique), sur le model du CMPP.
Constitution du GAPP : 1
psychologue scolaire, 2 instituteurs spécialisés RPP (rééducation en
psychopédagogie et RMP (rééducation en psycho motricité).
Objectif du GAPP : Intervention
précoce pour prévenir des difficultés dans les apprentissages.
1989 : Jospin ministre de
l’éducation nationale fait voter la loi d‘orientation sur l’éducation. Le
service public d’éducation contribue à l’égalité des chances. Création du DEPS.
Création des RASED (réseau d’aide aux enfants en difficulté).
Loi 1985 : Création du
Titre de psychologue. Profession protégée.
Il a fallu 40 ans pour que le
psychologue de l’éducation nationale soit enfin reconnu comme un véritable
psychologue exerçant dans un champ spécifique = l’école.
2002 : obligation de s’inscrire
sur les listes ADELI.
Ø L’échec
scolaire et les blessures narcissiques :
L’échec ou la difficulté
scolaire est le 1er motif de consultation auprès des psychologues
(école/institution/libéral).
Le psychologue s’intéresse à
l’enfant et pas seulement à l’élève.
Le psychologue résiste pour ne
pas obéir à la demande car son travail consiste toujours à en analyser la
demande.
-Un psychologue clinicien à
l’école.
La demande :
Les origines sont
diverses : 80% en provenance des enseignants, 30% des parents et 20%
demandes conjointes.
Hiérarchiser les demandes.
Quelles symptomatologies ?
-troubles du comportement
-troubles des apprentissages
Loi du 11 février 2005 :
« loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la
citoyenneté des personnes handicapées ».
-
Concept d’établissement de référence
(établissement le plus proche du domicile)
-
Maintient dans un cadre ordinaire de scolarité
-
Le droit à la compensation
o Prestations
financière de compensation. AEEH Allocation d’éducation de l’enfant handicapé
o Création
MDPH. Commission des droits et autonomie des personnes handicapées (CDAPH)
o Création
des ESS (assurent le suivi des décisions des commissions CDAPH)
-
Circulaire du 9 avril 1990 : création des
RASED.
FFPP : fédération française des psychologues et de
la psychologie
SFP : Société française de psychologie
AFPEN : Association française des psychologues de
l’éducation nationale
ACOPF : Association des conseillers d’orientations
de France
Ø Les
fonctions du psychologue de l’éducation nationale
o L’examen
psychologique.
2 définitions :
-Andronikof
et Lemmel 2003 « Une démarche diagnostique intégrative qui utilise
l’ensemble des outils du psychologue pour tenter de cerner la nature des
troubles dont souffre l’enfant, en comprendre la dynamique, en déterminer la
portée, en évaluer la gravité et au-delà des troubles eux-mêmes pour repérer
les secteurs d’activité psychique et les processus potentiellement inscrits
dans une dynamique de santé ».
-
Voyazopoulos, Eynard, Vannetzel 2011 « but
de répondre à une demande d’aide ou de conseil formulée par le sujet et/ou son
entourage. Il se construit dans le cadre d’une relation entre du psychologue et
avec la personne concernée. Dans ce cadre, le praticien applique les
connaissances théoriques, les méthodes et les instruments de discipline afin de
récolter les informations nécessaires pour comprendre le fonctionnement
psychique et relationnel de la personne et pour élaborer une réponse appropriée
à la question posée. A toutes les étapes de l’examen, le psychologue tient
compte du fait que les enfants sont en cours de développement physique,
affectif, intellectuel, psychomoteur et social. Il est attentif à la complexité
et à la singularité de chaque personne examinée qu’il situe toujours dans son
contexte familial, éducatif, social et culturel. »
Il n ‘existe pas de formation normée de l’examen
psychologique, même si certains examens peuvent s’étirer sur 5 à 7 séances,
l’examen psychologique dans son essence, ne doit pas être confondu avec une
prise en charge psychothérapeutique et sa durée doit se limiter à quelques
heures.
o La
demande
Le 1er contact du psychologue et du sujet est
toujours indirect. C’est toujours un tiers qui est à l’origine de la demande
(parents, équipe médicale ou paramédicale, enseignants, …).
Le symptôme d’appel est en majorité lié aux situations
d’apprentissages ou aux problèmes de comportement.
o La
démarche d’examen
Souvent débute par un entretien avec la famille ou le
tiers demandeur pour préciser la demande. Puis, administration d’une épreuve
généraliste d’intelligence et selon les besoins, par des épreuves
complémentaires.
Entretien de restitution puis, si nécessaires, bilan
écrit.
o Le
cadre
Il assure la continuité nécessaire à la sécurité des
sujets, parents ou enfants.
JOCOBI 2002. « Cet espace matériel, temporel et
psychique est préparé par un praticien et mis à la disposition de son
interlocuteur » constitue une des conditions d’une bonne pratique de
l’examen psychologique.
o Les
entretiens
Ils sont différents de ceux des autres professionnels.
Prise en compte de l’autre comme sujet. Position qui
comporte « le refus de juger, l’acceptation de tout entendre sans parti
pris et sans critique (Emmanuelli 1997).
Les techniques d’entretien : neutralité
bienveillante à
technique freudienne. La relation chaleureuse, soutenante et empathique. Les
enfants ont besoin de se sentir en sécurité.
Neutralité c'est-à-dire respecter son interlocuteur, sa
singularité, sa subjectivité. Ne pas parler à sa place mais lui permettre
d’exprimer sa pensée, ses éprouvés.
Bienveillance : « objectif de permettre à
quelqu’un de se connaitre, de faire le point sur ses projets d’être au plus
près de ses désirs » (JACOB 2002). Cela n’oblige en rien le clinicien à
faire preuve de sympathie permanente qui risque de figer le sujet dans un
registre infantilisant.
o Objectif
de l’entretien avec l’enfant :
Ce n’est pas une
collecte d’informations mais la mise en place d’une situation favorable à la
confiance, à la parole. Il apparait plus fécond de relancer sur des
« comment » (fait appel aux procédés, aux conditions) que sur des
« pourquoi » (renvoie à la cause).
o Les
épreuves de l’examen psychologique
La conduite de l’examen psychologique témoigne du
dépassement de la technique (passation des épreuves). Les tests au sont service
de la démarche clinique et non l’inverse.
La démarche de l’examen psychologique consiste à se
poser, à partir de l’analyse de la demande, les questions fondamentales
concernant le sujet, la situation, une méthode et des outils pour répondre à
ces questions.
Souvent l’examen se compose d’une épreuve généraliste
d’intelligence (WISC IV, WPPSI III) et plusieurs épreuves spécifiques (épreuves
scolaires, épreuves projectives, épreuves de dessin, voir des moments de jeu).
o Le
compte rendu à l’issu de l’examen psychologique
Avec l’enfant, la famille, l’enseignant.
o L’accompagnement
psychologique
Dans le cadre scolaire peut avoir des vertus
thérapeutiques mais le Psy EN ne dispose pas du cadre adéquat pour conduire de
véritables psychothérapies avec l’enfant. Car le désir d’aide ne suffit pas
même avec une fonction qui permettrait de le faire. Le cadre scolaire ne
garantit pas cet espace de transfert et de sécurité car ce lieu note l’élève,
l’évalue et lui demande de se conformer à certaines exigences sociales.
La thérapie peut durer plusieurs mois et années et ne pas
se contenter du calendrier scolaire.
·
Un espace de parole et d’écoute
Pour mettre en mots des évènements vécus (conflits
familiaux, ..) et parfois peu ou pas élaborés par les parents et les enfants. Cet
espace de parole et d’écoute peut avoir une fonction de contenance de
l’angoisse et de facilitation de la mise en représentation, permettant
lorsqu’elle est nécessaire la mise en place de base d’un travail thérapeutique.
·
Travail en partenariat
Le PsyEN est un médiateur entre l’école et les collègues psychologues
exerçant dans de services extérieurs.
·
Se référer aux articles du code de déontologie
des psychologues actualisé mars 1996-fév2012 et également à la conférence de
consensus 2008-2010. Les membres de cette conférence (FFPP, SFP, AFPEN, ACOPF)
avaient pour objectif de produire des recommandations argumentées constituant
les critères essentiels de qualité de l’examen psychologique de l’enfant.
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