jeudi 12 septembre 2019

Dossier de synthèse
Conférence de comparaisons internationales 

CNESCO 
8 & 9 novembre 2018 

"Comment l'école française aide-t-elle les élèves à construire leur orientation?"

Ce document est un dossier de synthèse concernant une conférence organisée par le CNESCO (Conseil National d’Évaluation des Politiques Scolaires; un organisme chargé d'évaluer l'efficacité des politiques éducatives), qui a eu lieu les 8 et 9 novembre 2018. L'objectif du CNESCO était, à partir d'analyses scientifiques, de faire un état des lieux du fonctionnement du système d'orientation en France. C'est à partir des jeunes que le Cnesco a souhaité démarrer son investigation. Il a donc réalisé une enquête auprès des 18-25 ans portant sur leur expérience en matière d'orientation, ainsi que plusieurs évaluations (enquête dans les établissements concernant la réalité des activités d'éducation à l'orientation, analyse des réformes menées depuis 15 ans et investigation des politiques d'orientation conduites à l'étranger). 

De cet ensemble, il ressort un chiffre que le CNESCO considère comme "révélateur de la situation française": un jeune sur deux se dit satisfait de l'accompagnement de son établissement scolaire au sujet de l'orientation. Nathalie Mons, la Présidente du CNESCO, indique que si des progrès ont été fait sur les dix dernières années (création du Parcours Avenir, qui invite à un continuum d'activités consacrées à l'orientation, semaines dédiées à l'orientation, etc), il faudrait mettre en oeuvre en France un politique d'éducation à l'orientation plus intelligible et mieux définie en terme d'objectifs éducatifs, sociaux, économiques... Sur le terrain, les acteurs sont nombreux et déploient une énergie farouche à la hauteur de leurs ambitions, mais il faudrait plus de coordination et des intervenants mieux formés, notamment pour ce qui concerne les activités dédiées à la connaissance de soi. Concernant ces dernières activités, il est souligné que le rôle des Psy EN est ici primordial, à condition qu'ils soient suffisamment nombreux. 

Ces changements sont d'autant plus importants que l'éducation à l'orientation est désormais devenue un enjeu crucial à la fois individuel mais aussi des enjeux économiques et collectifs à l'heure où les adultes devront à l'avenir exercer plusieurs métiers, dont une grande partie nous sont encore inconnus. Il ne s'agit plus seulement d'aider les jeunes à trouver une formation mais aussi de les équiper intellectuellement de nouvelles compétences (identifier ses goûts, ses appétences, savoir prendre des décisions face aux mutations de marché, trouver des formations adaptées...) leur permettant de gérer sur le long terme leur carrière. Il s'agit de proposer un accompagnement renforcé pour les jeunes les plus fragiles socialement afin que les mutations actuelles ne se traduisent pas par un renforcement des inégalités. 

Il s'avère que ces enjeux sont déjà compris dans un nombre croissant de pays de l'OCDE qui ont basculé dans les années 2000 dans ce nouveau modèle de politique d'orientation. Il s'agit de politiques innovantes se caractérisant par un continuum d'activités d'éducation à l'orientation, dédiées à tous les élèves incluses dans les emplois scolaires à partir de l'école primaire, visant notamment à outiller chaque jeune dans l'identification de ses compétences, de ses goûts. 

Pour Nathalie Mons, c'est dans cette voie que la France doit désormais s'engager. 

Le dossier comporte une présentation de ce qu'il faut retenir des deux études menées par le CNESCO sur l'éducation à l'orientation, que l'on pourrait résumer ainsi pour l'évaluation réalisée auprès des jeunes : 
-les jeunes se déclarent insuffisamment accompagnés et stressés par leur orientation 
-les jeunes choisissent davantage leur orientation en fonction de leur goût pour un métier que pour la sécurité de l'emploi
-certains renoncent à leurs aspirations 
-l'accompagnement est variable selon les établissements et les filières 
-la mise en oeuvre des récentes réformes est partielle la première année 
-la place des familles est centrale 
-le poids non négligeable du coaching privé 

Pour plus de détails, une présentation détaillée de l'évaluation et de ses résultats est présentée dans le dossier de synthèse. 

Enfin, le CNESCO, éclairé par les évaluations produites, présente ses préconisations pour aider les élèves à construire leur parcours d'orientation. Il importe au préalable de clarifier les objectifs de la politique d'éducation à l'orientation mais aussi de respecter cinq principes essentiels:
-apprendre à s'orienter plutôt qu'"être orienté"
-mettre en place un continuum d'éducation à l'orientation de l'enseignement scolaire à l'enseignement supérieur 
-mettre en oeuvre certaines actions liées à l'orientation dans le cadre de classes entières pour limiter l'autocensure de certains élèves 
-permettre des parcours individualisés (développer les passerelles et les possibilités de retour en arrière)
-favoriser l'interaction de l'école avec les autres parties prenantes (familles, collectivités territoriales, entreprises,...)

En terme de préconisations: 
1) Promouvoir une plateforme nationale "guichet unique" d'informations et de contacts géolocalisés 
2) Développer la connaissance de soi 
3) Proposer un programme de lutte contre les inégalités d'orientation 
4) Mettre en réseau les acteurs locaux pour permettre la découverte des métiers 
5) Dès le collège accorder plus de temps à l'expérimentation des métiers 
6) Découvrir les filières à travers l'expérience des étudiants et l'immersion 
7) Former l'équipe éducative en partant des problématiques locales 
8) Former le plus de familles possibles à l'accompagnement à l'orientation 
9) Mettre en place un mentorat réalisé par des professionnels 
10) Evaluer des dispositifs nationaux et régionaux

Le document comporte enfin des exemples de projets innovants sur l'éducation à l'orientation dans diverses régions de France.

Par Marie R

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