Avec la
collaboration de : Joël Croas, Geneviève Djenati, Véronika Taly, Catherine
Weismann-Arcache
v CHAPITRE 1 : approche clinique et
psychopathologique des troubles développementaux et instrumentaux
1. Introduction :
-
Registre
des dys : grande complexité / se présente sous formes diverses
-
Difficile
de chercher leur origine, ils peuvent s’articuler avec une pathologie
psychiatrique qu’il peuvent parfois même déterminer
-
Lorsqu’un
enfant va mal, la tentation est grande de s’en remettre (démettre ?) aux
mains de spécialistes qui vont permettre « une réparation efficace »
-
Mais
on risque d’oublier l’enfant lui-même, en tant que personne qui souffre,
désire, s’angoisse, espère etc…
-
2
approches pour aborder les DYS :
-
1) approche épidémiologique, sciences
cognitives et neurosciences
2) approche psychodynamique, sciences de l’éducation (troubles
apprentissages)
-
Différences
de conceptions = différences de traitements, soin psychique, rééducation
2. Débats, problématiques, conceptions :
-
2
conceptions de la psychologie se font face actuellement :
-
1) psychopathologie : influencée par la
psychanalyse, sciences « humaines » (vise moins la réduction des
symptômes que la recherche) avec moyens diversifiés : consultations,
psychothérapie individuelle, de groupe
-
2) psychologie dites scientifiques : sciences dites
« dures » (normalisation grâce à des protocoles cognitivo
comportementaux et/ou biologiques standardisés et validés) / génétique,
biologique, neuropsychologique et neurosciences (on s’intéresse surtout aux
symptômes et aux comportements visibles devenus des troubles, aucune analyse du
contexte relationnel, familial et social, qui permettent habituellement de
donner du sens).
-
Ex :
rapport de l’INSERM (2007) qui parle des troubles instrumentaux (Dys) il traite
essentiellement des données cognitives et neuropsychologiques, les données
cliniques sont uniquement complémentaires et résumées en 15 lignes dans la
synthèse. Dans la conclusion : les dys, sont des troubles
spécifiques des apprentissages scolaires dont l’origine est reconnue comme
développementale (exclusion d’une origine culturelle, sociale, économique,
pédagogique ou psychologique).
-
La conséquence : Idéologie naturaliste qui limite
la place de l’autre dans le processus d’apprentissage : idée que le sujet
se fait seul, voire est autogendré
-
L’idée serait de faire une approche globale :
intégration des 2 théories pouvant expliquer ces troubles : à la fois
des facteurs génétiques, le fonctionnement cognitif, la structuration du
psychisme et les systèmes familiaux et sociaux => cela permettrait une prise
en charge de l’enfant dans sa globalité tant au plan cognitif, qu’au plan de sa
relation à son environnement.
-
Les deux démarches et champs de connaissance ne s’excluent pas et sont
complémentaires, cela peut même aboutir à une 3ième voie =
psychopathologie intégrative.
-
Aujourd’hui :
on ne demande
pas l’avis des psychologues, même si c’est pour écarter des troubles
psychopathologiques. C’est un phénomène unique en médecine (ex : douleurs
dans la poitrine, le généraliste l’envoie chez le cardiologue, le pneumologue
et n’écarte personne, si c’était le cas on trouverait cela aberrant). Ici,
seuls les orthophonistes sont reconnus comme compétents. Ils sont formés à la
neuropsychologie et doivent assurer le rôle de rééducateurs.
-
Ils ne nient pas l’intérêt de la neuropsychologie et que les dys puissent
être d’ordre génétique, ils critiquent la méconnaissance la psychopathologie
clinique. Selon eux la psychopathologie ne doit pas être isolée de la dimension
cognitive. Il s’agit d’avoir une approche thérapeutique multi-axiale.
-
Conception neuropsychologique très en vogue après certains de parents et
enseignants = déresponsabilisation (ex : apprentissage de la lecture,
implique une relation entre un apprenti et un maître d’apprentissage / comment
l’apprentissage pourrait être indépendant de l’environnement ?)
-
Ce refus de la transmission par l’autre interroge : déni des
parents ? ils arrivent avec des diagnostics préétabli tout en niant la
souffrance de leur enfant.
-
Le public est davantage attiré aujourd’hui par l’espoir de solutions
magiques et toutes puissantes « au bénéfice d’intérêts financiers et
politiques effectivement puissants », que par la prise en compte de la
dimension relationnelle et éducative.
3.
Dénominations, définitions, classification et
enjeux :
-
Les troubles « dys » sont dénommés différemment selon les
classifications médicales, mais ils apparaissent tous à la rubrique des «
troubles du développement »
3.1
Qu’est-ce
qu’un trouble du développement ?
-
Trouble du développement (selon la CIM-10): a) un début
obligatoirement dans la première ou la seconde enfance ; b) une altération ou
un retard du développement de fonctions étroitement liées à la maturation
biologique du système nerveux central ; et c) une évolution continue sans
rémissions ni rechutes. Dans la plupart des cas, les fonctions atteintes
concernent le langage, le repérage visuospatial et la coordination motrice.
Habituellement, le retard ou le déficit était présent dès qu’il pouvait être
mis en évidence avec certitude et il diminue progressivement avec l’âge (des
déficits légers peuvent toutefois persister à l’âge adulte) ».
3.2
Qu’est-ce
qu’un trouble spécifique ?
-
Troubles spécifique : qui ne peut s’expliquer que
par une cause évidente
3.3
Que signifie troubles instrumentaux ?
-
Troubles Instrumentaux : troubles des fonctions
instrumentales (fonctions intellectuelles, langagières et psychomotrices, dont
l’investissement affectif compte autant que l’équipement neurobiologique).
4. Approche psychopathologique des troubles instrumentaux :
4.3 L’approche psychopathologique francophone des
troubles cognitifs et instrumentaux
-
Par exemple l’apprentissage de la lecture peut être
perturbé si l’enfant ne maîtrise pas encore suffisamment l’orientation spatiale
: le problème pédagogique concerne alors le décalage entre le développement de
cette fonction et des exigences scolaires prématurées.
-
L’erreur serait de penser que ces altérations cognitives seraient
indépendantes du développement psychoaffectif et inversement certains
psychanalystes méconnaissent encore souvent le poids de la cognition dans la
maîtrise de la vie psychique.
-
Aujourd’hui il faut reconnaître qu’il y a une interaction entre la
cognition et l’affectivité.
-
Par ailleurs une participation relationnelle dans la genèse ou la
pérennisation d’un trouble n’implique nullement une culpabilisation des parents
qui n’ont souvent pas besoin des cliniciens pour se sentir coupables.
-
Il faut chercher comment ça dysfonctionne et non pas
pourquoi.
Ø Les illustrations cliniques : 3
chapitres sur 3 troubles : dysphasie, dyslexie et dyspraxie (cas enfant et
adolescent)
Ø Résultats présentés de manière
détaillé => travail du clinicien
Ø Discussion diagnostique /
proposition thérapeutique
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v
CHAPITRE 2 : La dysphasie
1.
Définition du trouble
1.1
Le concept
de dysphasie proposé par Ajuriaguerra
-
Dysphasique : les enfants dont l’évolution
du langage pose problème, avec une compréhension orale souvent altérée et une
expression orale marquée par un trouble majeur de la parole
-
Rapports étroits entre le langage et la vie psychique
-
Spécialistes du langage mais aussi ceux du champ de la psychopathologie
1.2 « Specific Language Impairement » pour les
anglophones
-
Les troubles du développement du langage distinguent 6 syndromes (phonologie,
syntaxe, sémantique etc …)
1.3 Dysphasie développementale pour l’approche francophone
-
Dysphasie : (trouble du langage
spécifique) elle se définit par l’existence d’un déficit durable des
performances verbales, significatif en regard des normes établies pour l’âge (pas
lié à un déficit durable auditif, insuffisance intellectuelle, malformation des
organes phonatoires etc).
3.
Cas clinique : Steevy, 7 ans
3.1 Eléments de l’histoire de Steevy
3.1.1 Eléments biographiques
-
Classe de CP
-
S et ses parents ont été orientés vers le centre référent du langage par
l’orthophoniste
-
Suspicion de dysphasie
-
Aîné d’une fratrie de 3 enfants
-
Bébé souvent agité, qui se calmait qu’au moment du sommeil
-
Marché à 10 mois
-
Propreté diurne et nocturne à été acquise au cours de la 2ième année
-
Otites à répétition
-
Opération des amygdales à l’âge de deux ans
-
Audition normale et examen ORL satisfaisant
3.1.2 Histoire des
troubles
-
Premiers mots prononcés vers 9 mois
-
Phrases à 2 ou 3 mots ne sont apparues qu’à 3 ans
-
Au début il parlait vite et qu’il était difficile de le comprendre
-
Gardé par sa grand-mère maternelle, elle lui parlait « bébé »
-
Puis petite section de maternelle à l’âge de deux ans et demi =
manifestation d’une angoisse de séparation
-
Troubles du langage ils ont été rapidement pointés par la maîtresse qui
trouvait que Steevy parlait comme un bébé et n’articulait pas bien
-
Moyenne section : évaluation orthophonique car S ne faisait toujours
pas de phrases, seulement des associations de 2 mots, il n’arrivait pas à se
faire comprendre par ses camarades, ce qui était source de frustration pour lui
-
Prise en charge ortho à l’âge de 4 ans
-
Puis à 5 ans et demi, intensifiée à 2 séances par semaine
-
Il fait des crises de colère quand il se trouve en difficulté pour
s’exprimer ou pour se faire comprendre
-
Au niveau de la compréhension, parfois il répond à côté
-
Pas de troubles du comportement (alimentaires, sommeil, bonne socialisation
à l’école)
-
Difficulté à se séparer de sa mère
3.2 Centre référent du langage
-
rencontre avec une psychologue clinicienne pour reprendre l’histoire des
troubles du langage et plus globalement l’histoire de Steevy au sein de sa
famille élargie
-
orthophoniste = bilan ortho avec l’exploration du langage oral et d’autre part
le langage écrit
-
conclusions du bilan : retard de parole et de langage important, avec
atteinte de toute les modalités (phonologique, lexicales …) + difficultés de
mémoire auditive immédiate et de mémoire de travail sont relevées.
-
Ecrit : acquisitions fragiles et émaillées de confusions visuelles et/
ou auditive
-
Résultats et observations : hypothèse d’une dysphasie de type
phonologique syntaxique (répercussions directes sur les apprentissages
fondamentaux du langage écrit)
-
Prise en charge orthophonique est à poursuivre
-
Proposition d’un examen psychologique complet (épreuves intellectuelles et
épreuves de personnalité) + restitution avec S et ses parents.
3.3 L’examen psychologique
3.3.1 Rencontre
-
S est accompagné par sa mère et sa tante maternelle du premier RDV
-
Puis la mère l’accompagnera seule
-
Le père présent que le jour de la restitution de l’examen psychologique
-
Il est souriant, mais un peu inhibé
-
Accepte facilement de rester avec la psy
-
Aisance relationnelle grandissante au fil des entretiens
3.3.2 K-ABC
(fonctionnement intellectuel de l’enfant face à des épreuves nouvelles dégagées
des apprentissages culturels et scolaires ; niveau d’acquisition)
Résultats : S possède de bonnes
compétences intellectuelles pour les épreuves où le verbal n’est pas sollicité
et dans ce cadre il s’inscrit dans la norme des enfants de son âge. Les
difficultés apparaissent lorsqu’il doit répondre verbalement
3.3.3 Epreuves
projectives
- exploration du fonctionnement
psychique / apporte un éclairage spécifique et complémentaire
3.3.4 Rorschach
1) registre destructeur (caser, tuer)
2) registre de l’oral destructeur (veut
manger des gens)
3) registre de l’étayage (portent une
personne)
4) registre de la transformation
(transforme)
3.3.8 Steevy face à
l’épreuve du CAT
-
ancrage dans la réalité est possible mais transitoire
-
récits associatifs où les peurs d’être abandonné et/ou attaqué viennent le
déborder
-
lorsque le couple parental est mis en scène il y a souvent en meurtre
-
L’extérieur est vécu comme menaçant
3.3.9 Steevy face à
l’épreuve du Scéno test
-
Épreuve de jeu constituée d’une mallette avec des figures humaines différenciées
en genre et en génération, des figurines para-humaines (ange, nain), des
figurines animales, des objets évoquant la nature etc … L’enfant est invité à
jouer, à construire une scène en choisissant des objets disponibles dans la
mallette.
-
Conclusion : S témoigne d’un manque de souplesse, d’une tendance à la
répétition / le pulsionnel tend à déborder et les figurines peuvent parfois
sembler interchangeables, révélant l’instabilité » identitaire.
3.3.10- Synthèse des
protocoles projectifs de Steevy
-
Alternation entre moments de désorganisation et moments de réorganisation
-
Fragilité de l’ancrage dans la réalité
-
Angoisse d’anéantissement
-
Angoisse d’abandon
-
Dimension mortifères
-
Thématiques d’abandon et de persécution
-
Registre pulsionnel agressif
-
Axe identitaire fragile (limite instable, transformation)
-
Menace de rupture avec le réel
-
=> caractéristiques évoquant la psychose mais capacités d’adaptation et
de contrôle
-
=> la dysphasie fait partie de la dysharmonie psychotique
3.3.11- Projet de soin
-
Dysphasie + souffrance psychique liée à son organisation de personnalité
-
En complément de la prise en charge orthophonique => travail
psychothérapeutique (entretiens familiaux avec les parents de S et entretien
avec lui).
4. Discussion
4.1 La dysphasie de l’enfant dans une perspective
psychodynamique
-
Considérer le développement du langage en lien avec le développement
psychoaffectif de l’enfant en interaction avec son environnement
-
Des travaux qui tendent aujourd’hui à reconnaitre de plus en plus le rôle de
l’environnement et des interactions de communication avec l’entourage
-
Mais il persiste aujourd’hui l’idée que la dysphasie est un trouble
instrumental qui doit être rééduqué.
-
Il faut explorer le sujet de façon globale, notamment par l’exploration du
fonctionnement de la personnalité (modifie le projet de soin)
4.4 Perspectives thérapeutiques
-
Prise en charge de l’enfant dysphasique ne se limite pas à la fonction
instrumentale car il importe que ce qu’il éprouve intérieurement puisse trouver
une mise en sens
-
Dupuis Gauthier (2006) pointe l’inefficacité de la prise en charge des
enfants dysphasiques lorsque leur trouble est appréhendé uniquement sur le
versant instrumental / la rééducation orthophonique à elle seule ne suffit pas
/ Les orthophonistes eux-mêmes font le constat qu’il y a absence ou faiblesse
de l’évolution du langage de l’enfant
-
Les résultats sont bien souvent décevants s’ils ne sont pas accompagnés
voire précédés d’un traitement des troubles de la personnalité des enfants
dysphasiques.
-
Il faut une prise en charge psychothérapeutique, dont le but est de
permettre la levée des obstacles psychiques
-
Ce n’est que lorsque l’enfant manifestera un intérêt pour la communication
et le langage que l’orthophonie pourra prendre une place => efficacité beaucoup
plus grande
-
En développant le jeu, le thérapeute accompagne le passage de la chose, à
la représentation de chose, puis de la représentation de chose à la
représentation de mot.
-
+ important que les parents soient intégrés au projet de soin en regard de
l’importance des interactions familiales (entretiens classiques…)
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v
CHAPITRE 3 : troubles
dyslexiques :
2. Historique, définition,
classifications de la dyslexie
2.2 Définition de la dyslexie et origine supposée
-
Dyslexie (1968) : troubles de l’apprentissage de la
lecture, survenant en dépit d’une intelligence normale, de l’absence de troubles
sensoriels ou neurologique, d’une instruction scolaire adéquate, d’opportunités
socioculturelles suffisantes.
-
Dyslexie (rapport INSERM 2007) : la dyslexie, la dysorthographie et la
dyscalculie sont des troubles spécifiques des apprentissages scolaires dont
l’origine est reconnue comme neurodéveloppementale / ils ne proviennent pas
d’une déficience avérée qu’elle soit sensorielle, motrice ou mentale, d’un
traumatisme ou d’un trouble envahissant du développement.
-
Exclusion des origines culturelles, sociales, économiques, pédagogiques ou
psychologiques, mais cela ne signifie pas pour autant que ces facteurs ne
jouent pas un rôle.
-
L’incidence familiale de la dyslexie est notée et mise en avant à partir
d’enquêtes généalogiques et d’études sur les jumeaux (70 % de concordance chez
les monozygotes, contre 43% chez les dizygotes) = cela suppose une contribution
de l’environnement et des gènes
2.5 Troubles émotionnels
-
Les enfants dyslexiques souffrent aussi fréquemment de troubles
comportementaux ou émotionnels (hyperactivité, déficit de l’attention),
renvoyant ainsi au domaine de la psychopathologie
-
Toutefois il est difficile de faire des liens de causalité
3. Regard clinique sur les troubles
dyslexiques
3.2 Approche psychopathologique succincte de la dyslexie
-
Études ont été faites révélant que les enfants dyslexiques sont pris dans
des « perturbations évolutives complexes, principalement dans des
pathologies limites de l’enfance ».
-
Organisations limites : défaillances du narcissisme et de
l’autoérotisme, par les défauts d’élaboration des angoisses dépressives et de
séparation, dépendance etc…
-
Lien possible entre une « forme singulière de dépendance et la
dyslexie
-
Ces enfants sont décrits comme recherchant le contact, dépendant du regard
de l’adulte + problématique de séparation (ce qui se retrouve dans les épreuves
projectives)
-
Pour Jumel, la Dyslexie ne serait pas associée à un manque d’attention et
de concentration, mais au contraire à un « trop » en lien avec des
angoisses de séparation.
-
Donc intérêt de mener un examen psychologique complet et pas seulement une
évaluation du niveau intellectuel de l’enfant dyslexique
4.Illustration clinique
-
Alice, 10 ans et 6 mois
-
Scolarisée dans une unité spécialisée pour enfants dyslexiques
-
Redoublement du CE1 préconisé
-
Petite enfance sans problème
-
Déménagement très mal vécu en moyenne section, Alice reste mutique pendant
6 mois
-
Rupture douloureuse avec la nourrice
-
Les parents ont des activités pro avec des horaires variables et Alice dira
qu’elle ne sait jamais quand sa maman travaille
-
Alice est très fusionnelle de son frère
-
Petite fille avec beaucoup d’empathie, de douceur,
-
La mère évoque aussi ses propres difficultés en orthographe réglée par sa
mère qui lui dictera des livres entiers toute sa scolarité
4.1 Motif de la demande et du bilan
-
En CE1 : elle commence à entrer dans la lecture mais les résultats
restent en deçà du niveau attendu en fin de CE1
-
Importantes difficultés en lecture, écriture et calcul
-
Suivi 2 fois par semaine par une orthophoniste
4.2 Comportement au cours du bilan
-
Coopérante, d’un bon contact, même si un peu en retrait, concentrée, peu
expressive, posture peu tonique, ne montre aucune opposition aux tests
4.3 Bilan intellectuel WISC-IV
-
Difficultés dans la capacité à accéder aux processus de symbolisation
nécessaires pour l’apprentissage de la lecture
-
Difficultés dans les tâches réclamant une autonomie de la pensée
-
Elle montre un désir de bien faire et de bonnes capacités de concentration
-
Précipitation à répondre montre toutefois l’angoisse par rapport au vide,
la pensée s’y trouvant comme paralysée
-
L’immédiateté de la perception et des réponses ne laisse pas place au sens,
trop angoissant qui risque de déclencher des affects trop violents du côté de
la perte
-
Elle semble avoir trouvé un compromis illusoire certaines celui ne pas
accéder au sens pour ne pas savoir et ne pas perdre la dépendance infantile
4.4 Les dessins : dessin de famille, dessin après
TAT, figure de Rey
4.5 Épreuves projectives (TAT et Rorschach)
5. Discussion
-
Fonctionnement psychique d’Alice : registre névrotique teinté d’une
tonalité phobique importante et d’une palette défensive variée
-
Refoulement, évitement qui renvoie ici au registre phobique
-
Angoisse prévalente : angoisse de castration, angoisse de perte qui
sous-tend principalement les fonctionnements de type limite
-
Angoisse de séparation : absence
-
Insistance sur le regard (ils regardent …) : importance de la relation
entre deux personnages / regarder peut renvoyer au registre de la maitrise et
de l’emprise (voir et être vu par l’autre), mais aussi de l’évitement ou
de la perte (perte de vue)
-
Considérer que le trouble dyslexique participe d’un aménagement singulier
de l’organisation de la personnalité permet d’envisager « le
traitement »
-
Troubles névrotiques avec perturbations prédominantes des fonctions
instrumentales
4.1 Propositions thérapeutiques
-
Proposition de prise en charge thérapeutique en petit groupe de type
psychodrame (compte tenu du goût d’Alice pour la mise en scène et de la
nécessité pour elle se familiariser avec la différence et l’imprévisible).
-
Par ailleurs le risque dépressif n’est pas à écarter avec l’abandon d’un
cadre rassurant dans lequel elle a pu apprendre (il serait peut-être
nécessaire, d’y adjoindre un travail individuel en thérapie psychanalytique,
tout en maintenant le travail rééducatif).
5.
Conclusion
-
Le cas d’Alice ne signifie en rien que tous les enfants dyslexiques soient
soumis aux mêmes processus
-
Il ne faut pas évacuer la dimension intrapsychique et centrer son approche
qu’en termes de fonction déficitaire impliquant une seule rééducation, car ça peut
parfois renforcer des défenses invalidantes et fragilisantes.
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v CHAPITRE 4 : troubles dyspraxiques
1.
Introduction
-
La dyspraxie est le handicap caché ou le syndrome de l’enfant
maladroit. Elle affecte chaque enfant de manière différente, selon qu’il ait
des troubles associés ou non. L’enfant conçoit bien des gestes mais il n’arrive
pas à les organiser ni à les réaliser de façon harmonieuse. Il montre une
grande maladresse et toutes ses réalisations motrices ou graphiques sont
médiocres, informes ou brouillonnes.
-
Dyspraxie : renvoient à des dysharmonies cognitives (développement
disparate des modes de raisonnement)
-
Les processus cognitifs de ces enfants se développent autrement
-
Ce sont habituellement des enfants calmes, respectueux des règles, bien
socialisés, bons élèves dans le domaine du langage parlé et de la littérature
et très mauvais en mathématiques
-
Les sujets dyspraxiques ne présentent pas toujours des troubles de la
personnalité et une rééducation psychomotrice peut suffire
-
Mais parfois la dyspraxie peut perturber sévèrement l’organisation de la
personnalité (recommandation de psychothérapie)
4.7 Psychopathologie
-
Dyspraxie peut être une caractéristique personnelle qui n’entrave
aucunement le fonctionnement psychique
-
Mais elle peut aussi cacher un trouble de personnalité (arbre qui cache la
forêt)
-
Gibello (2006) dit que la dyspraxie est pratiquement une constante dans les
psychoses, les autismes et les états limites. Il soutient le constat clinique
selon lequel on retrouve ces trois types de pathologies ou bien aucune
anomalie, mais jamais d’organisation névrotique.
5.
Étude de cas
-
Hugo âgé de 16 ans et 3 mois
-
Scolarisé en 3ième dans un EREA
-
Rencontré dans le cadre d’une recherche universitaire sur les troubles
dysharmoniques
-
Dyspraxie diagnostiquée par un neuropédiatre et un neuropsychologue
-
Phobie scolaire en 6ième
-
Troubles du sommeil
-
Sœur de 12 ans diagnostiquée autiste Asperger
-
Il ne croise jamais le regard
-
Evoquer d’emblée ses difficultés scolaires en lien avec la dyspraxie
-
Il se décrit comme timide, il évoque son manque de souplesse physique
-
Relations avec les parents complexes
-
Adolescent solitaire
-
Lit beaucoup et joue avec des jeux vidéos
-
Il a présenté des épisodes dépressifs
-
Tendance à la phobie sociale
5.1
Le WISC-IV
5.2
La figure de
Rey
5.3
Le Rorschach
5.4
Le TAT
5.5
Synthèse du bilan
-
Investissement narcissique de soi et de l’ordre du retrait, de repli (on
n’invite pas des fauteuils roulants)
-
Hugo s’identifie aux aspects les plus rigides et les plus sévères d’un père
exigeant
-
Il n’a pas pu explorer le monde, ni son propre corps
-
Identité est construite sur le retrait (on peut comprendre la phobie
scolaire apparue à l’entrée du collège)
-
Plutôt sur une organisation limite (exclusion de la psychose, absence de
réponses crues ou anatomiques)
-
A. Freud (1965), elle évoquait le cas d’enfants présentant une intelligence
verbale très développée, au détriment de l’autonomie corporelle, du plaisir de
jouer et de la socialisation
-
Prise en charge : rééducations ophtalmologiques et orthoptistes
-
Risque de décompensation dépressive et identitaire important, compte tenu
de l’absence de toute psychothérapie individuelle qui aurait aidé Hugo à
retrouver une sécurité dans la relation et à réinvestir l’objet
-
Une psychothérapie familiale pourrait être proposée (dynamique familiale
compliquée)
-
Dans ce contexte, la dyspraxie apparait bien comme l’arbre qui cache la
forêt, comme l’expression symptomatique d’un trouble de la relation.
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