vendredi 3 janvier 2020

Synthèse d'un article paru dans la revue Sciences Humaines n°321 de janvier 2020, intitulé "L'intelligence, de Jean Piaget aux neurosciences". 

Cet article reprend les grandes lignes de la théorie du psychologue Suisse Jean Piaget, aborde la question de la remise en question de cette conception aujourd’hui avec les nouvelles découvertes des sciences cognitives et des neurosciences et souligne l'apport de Piaget.

Le travail de Piaget a consisté à essayer de comprendre la génèse et l'évolution de l'intelligence. Selon Piaget, "la pensée se construit à partir de structures mentales existantes qui vont de perfectionner au fil des interactions avec l'environnement". C'est le constructivisme. Le chercheur a imaginé une méthode clinique d'observation à partie de diverses tâches qu'il propose aux enfants. a partir de ces observations, il en vient à découper le développement intellectuel en trois grands stades. Le stade sensori-moteur jusqu'à deux ans où le bébé est essentiellement dans le "faire" et à l'issu duquel il a commencé à intérioriser certaines opérations, à se représenter les choses en leur absence et à se différencier de son environnement. Entre deux et douze ans, l'enfant accède au stade des opérations concrètes. Il apprend "raisonner non plus à partir de ses propres actions mais à partir d'un raisonnement intérieur". A partir de 12 ans, il accède au stade des opérations formelles et devient capable de raisonner sur des hypothèses. C'est la pensée "hypothético-déductive" qui permet de manier des idées abstraites.

Il y a donc pour Piaget une succession de paliers qui s’effectue toujours dans le même ordre. Mais cette conception est aujourd'hui remise en question. Pour certains chercheurs, la pensée de l'enfant change de manière continue et pas à des moments précis. Pour le psychologue Daniel Kahneman, il existe deux systèmes de raisonnement : la pensée automatique et intuitive et la pensée logico-mathématiques qui demande du recul et de la réflexion. Le psychologue Olivier Houdé ajoute un troisième système qui est l'inhibition: celle-ci empêche la pensée automatique de se mettre en place afin de résister aux logiques intuitives mais erronées. Le développement des neurosciences et de la neuro-imagerie montre que la maturation du cortex préfrontal permet aux raisonnements logiques de s’imposer de plus en plus.

Par ailleurs, il est souligné que pour certains scientifiques aujourd'hui, Piaget a sous-estimé le rôle joué par l'entourage. Pour certains chercheurs en effet, le degré de structuration de l’environnement familial joue un rôle essentiel. Autres idées remises en question: la sous-estimation des variations entre individus et un sommet de développement plus tardif. Piaget estimait que le développement cognitif atteignait son summum vers 14 ans, quand on sait aujourd'hui que le cerveau continue de se perfectionner jusqu'à l'âge de 20-21 ans environ.

Néanmoins, Piaget a eu une influence considérable en pédagogie en mettant en lumière le principe de déconstruire / reconstruire: pour construire de nouvelles connaissances, il faut d'abord déconstruire les anciennes. c'est l'idée d'une construction active des connaissances. La transmission des savoirs est nécessaire mais pas suffisante pour apprendre! Il importe que la personne s'en saisisse.


En conclusion, il est rappelé que Piaget a eu le mérite d'avoir été le premier à proposer un modèle complet du développement de l'intelligence et qu'il fut le précurseur des sciences cognitives.

Par Marie Risterucci, PsyEN 

jeudi 2 janvier 2020

Synthèse d'un article paru dans le n°320 de la revue Sciences Humaines (décembre 2019), intitulé "Adolescence, le chaos émotionnel". 

Cet article qui porte sur la question de la fragilité psychique et émotionnelle des ados et plus particulièrement sur la crise "borderline", est intéressant car il souligne que ce trouble, qui touche 10% des adolescents (contre 2% des adultes), est le plus souvent passager, lié à cette période de transition qu'est l'adolescence. 

Le trouble "borderline", que l'on peut traduire par "limite" désigne des patients qui tantôt semblent en bonne santé mentale et tantôt "au bord de la folie", d'où le terme utilisé pour le désigner. Le patient est susceptible de basculer à certains moments dans un état semblable à la psychose (perte de contact avec la réalité, troubles de la relation). Ce trouble est marqué par une dérégulation émotionnelle (accès de colère, hypersensibilité, sentiment de vide).

Il est important de noter que seulement moins d'un tiers des adolescents diagnostiqués borderline le sont encore deux ans après. Les symptômes ne sont donc pas nécessairement reliés à une structure de personnalité borderline. Il est rappelé que l'adolescence est une période de transition et que la personnalité y est rarement figée. "La classification internationale des maladies ou CIM-10 ne reconnaît aucun trouble de personnalité avant 18 ans" précise l'article. Il convient donc de parler plutôt de "crise borderline", avec des symptômes qui ne durent pas.

La dérégulation émotionnelle s'explique par les transformations du cerveau à l'oeuvre à cet âge: "Entre 12 et 24 ans, le cortex préfrontal (responsable du contrôle des émotions et de l'empathie) est un véritable chantier". Il faut ajouter à cela les changements propres à l’adolescence: puberté, émancipation des figures parentales...

Pour surmonter la crise il est rappelé le rôle primordial des parents : la qualité du lien ainsi que la capacités de ces adultes de réguler leurs propres émotions. La psychologie positive souligne quant à elle l'importance d'aider les ados à apprendre à identifier leurs émotions et à déterminer ce qui est vraiment important dans leur vie par une prise de conscience émotionnelle.

En conclusion, il est rappelé que l'adolescence est un période de fragilité et de construction identitaire. Il importe notamment de prendre en compte l'immaturité cérébrale qui précède l'âge adulte. Pour l'entourage, cela implique patience et compréhension.  

Par Marie R.