vendredi 18 juin 2021

 Résumés du dossier sur la médiation animale dans "le journal des psychologues" n°385 - mars 2021*

Dans l'article "Zoothérapie: le thérapeute fait-il partie du jeu?", Rachel Lehotkay, docteur en psychologie et zoothérapeute, nous présente cette approche qui a recours à la présence de l'animal pour améliorer la santé. Elle nous rappelle le rôle capital joué par l'intervenant. La seule présence de l'animal, si elle peut être bienfaisante, ne suffit pas. Dans une Intervention Assistée par l'animal (IAA), une dyade humain / animal intervient dans le but de procurer des effets thérapeutiques. On distingue la thérapie (TAA), l'éducation (EAA) et l'activité (AAA). En France on utilise le terme général de zoothérapie. Il ne s'agit pas seulement de guérir une maladie mais aussi d'atteindre un bien-être général. L'animal n'est pas le thérapeute, le thérapeute travaille avec l'animal qui est son "assistant thérapeutique": "il s'agit d'un travail qui se base sur l'interaction entre le thérapeute, le patient et l'animal".   L'animal en fait sert de prétexte pour proposer pour des activités. La zoothérapie est complémentaire et peut avoir un objectif thérapeutique, éducatif, social ou préventif. Elle fait partie des thérapies à médiation comme l'art-thérapie, la musico-thérapie ou la danse-thérapie. Etant donné la multiplicité des approches et des métiers on parlera plutôt de système thérapeutique que de technique.  L'animal est souvent investi avant le thérapeute, ce qui permet à celui-ci d'avoir plus rapidement accès au patient. L'animal est au centre de l'intérêt et le thérapeute joue le rôle de médiateur. Par la suite, les rôles s'inversent. L'animal va faciliter les interactions. Par ailleurs, la présence de l'animal, le fait de pouvoir le caresser procure un apaisement et rassure. Accompagné de son animal, le thérapeute est vu comme moins menaçant, notamment pour les personnes réticentes au suivi thérapeutique. La présence de l'animal permet de dédramatiser la thérapie, elle apporte un soutien émotionnel non négligeable. En touchant l'animal, on s'ouvre sur le monde extérieur et on peut mettre en œuvre des comportements sociaux appropriés: contacts visuels notamment. Les rencontres permettent aussi aux patients de sortir de l'institution et de socialiser. L'animal est un être vivant qui permet aussi d'obtenir un meilleur niveau d'attention. Il est aussi un être de projection que le patient utilise pour parler de lui. Le lien qui se tisse avec l'animal, où l'on peut donner et recevoir de l'affectation, peut générer un sentiment d'acceptation inconditionnelle qui permet d'apaiser l'anxiété. S'occuper de l'animal permet aussi de développer l'autonomie chez les personnes avec handicap intellectuel. Les bénéfices sont multiples mais il ne faut pas oublier que c'est l'intervenant qui conduit la séance. En TAA, la présence de l'animal permet d'améliorer le lien thérapeutique. Le lien d'attachement thérapeute / animal et patient / animal y contribue. L'intervenant doit bien se connaître ainsi aussi l'animal (ses limites, ses capacités). Comme on l'a vu, il y a plusieurs métiers de base (enseignant, éducateur, animateur). Ce sont des professionnels qualifiés de la santé ayant effectué une formation de 200h. Le thérapeute quant à lui est qualifié et diplômé en thérapie qui s'est également spécialisé. Il existe aussi des auxiliaire en médiation animal qui ont suivi une formation plus courte. Il propose alors des AAA. Ses interventions ne sont pas thérapeutiques. Il est donc important de faire la différence entre les différents métiers. En conclusion, on peut dire que l'animal peut être un allié, que les professionnels et objectifs sont divers, que cette pratique est complémentaire. L'effet bénéfique de la zoothérapie est souvent mis en doute car la présence de l'animal modifie le cadre. Pourtant comme l'a souligné l'auteur, c'est bien le rôle de l'intervenant qui est important. 

Dans l'article "Les adolescents "délinquants" et le chien médiateur", Perrine Marseille, psychologue clinicienne, décrit le rôle que peut jouer un chien médiateur pour permettre à un jeune d'entrer plus facilement dans la relation. Pour eux, il importe de créer des cadres thérapeutiques sur-mesure et la présence d'un chien peut le permettre. Ces adolescents sont orientés suite à une décision judiciaire. Il s'agit pour la psychologue de les aider à verbaliser leur vision des choses. Pour certains, mettre des mots peut générer un blocage. Au delà d'une vision de la délinquance comme problème de société, on peut s'interroger sur ce qu'elle représente pour ces jeunes: une souffrance, une façon d'exister dans le regard des autres, de tenir l'autre à distance ou un moyen d'éprouver son corps. L'autrice rappelle alors les origines de la médiation canine: c'est le pédopsychiatre Boris Levinson qui l'a théorisée après que son chien ait fait irruption dans son cabinet alors qu'il recevait un garçon de 9 ans autiste. La présence de l'animal va amener ce jeune garçon à jouer avec l'animal puis à se confier. Auprès des adolescents, l'animal est un formidable prétexte pour entrer en relation plus facilement. Cela évite le face à face angoissant pour certains ado. On peut aussi travailler à partir des centres d'intérêt car cela favorise aussi les échanges, comme le chien qui ne les laisse pas indifférents (joie, surprise, peur...). Il peut aussi être un prétexte à marcher dehors, ce qui répond au besoin de "prendre l'air" souvent exprimé par les adolescents. Après avoir présenté deux cas cliniques, l'autrice conclue que la médiation canine représente un véritable outil thérapeutique auprès de ces adolescents. Puis elle met en garde contre la volonté de formater le vivant en voulant faire passer des tests à ces chiens afin de valider leur capacité à exercer car les enfants peuvent aussi investir des animaux qui ne seraient pas validés (chiens abandonnés, handicapés...). Elle rappelle aussi que le chien n'est pas le thérapeute ou une solution magique. Il est un prétexte et un support de travail. 

Marie Risterucci, Psy EN