dimanche 27 septembre 2020

 Résume de l'article "Psychothérapies les mille facettes du soin" (Sciences Humaines n°59 - juin/juillet/aout 2020)

 

Dans cet article, Edmond Marc, dr en psychologie, répertorie les approches psychothérapeutiques et l'évolution des pratiques. 

Le titre de psychothérapeute, depuis 2012, est réservé aux médecins, psychologues ou psychanalystes ayant suivi une formation en psychopathologie clinique de 400 heures minimum et un stage pratique de cinq mois minimum. Les autres professionnels sont appelés "psychopraticiens".

Dans les années 50, deux recours étaient proposés: la psychiatrie qui revenait à l'hospitalisation en établissement spécialisé et la cure analytique. Aujourd'hui, d'autres institutions se sont développées (CMP, CMPP...) et les psychothérapies se sont multipliées, pratiquées par des professionnels aux statuts divers. Il n'est pas toujours simple pour le public de s'y retrouver. 

La psychothérapie moderne est née au 19e, avec l'hypnose première psychothérapie reconnue par la science de l'époque. Pour Erickson, elle stimule l'expression de l'inconscient, un "réservoir de ressources", travaillant pour le bien du patient. 

Au début du 20e, Freud abandonne l'hypnose pour la méthode des "associations libres" ou "psychoanalyse", pratique de soin et théorie du fonctionnement psychique qui postule l'existence de processus inconscients. C'est une théorie riche et complexe qui a eu un retentissement dans le monde entier et fut complétée par de nombreux disciples (S.Ferenczi, M.Klein, D.Winicott...). "Jusque dans les années 1960, précise l'auteur, elle a représenté la psychothérapie la plus pratiquée en Europe et aux Etats-Unis". Elle a par ailleurs suscité des dissidences comme celle d'A. Adler qui a crée la psychologie individuelle ou celle de C.G. Jung, fondateur de la psychologie analytique. 

W.Reich pose quant à lui le principe d'un fonctionnement unitaire de l'organisme alliant processus psychiques et fonctions biologiques et met l'accent sur le point de vue énergétique. Il ajoute à la démarche classique de la psychanalyse, un travail plus corporel sur la respiration, les tensions musculaires, la circulation de l'énergie. A. Lowen, l'un de ses disciples, fonde l'analyse bioénergétique qui est la source de la plupart des thérapies psychocorporelles (biodynamique, somatothérapie, rebirthing...). 

L. Binswanger s'éloigne de la psychanalyse en mettant l'accent sur la conscience. Il élabore l'analyse existentielle : la relation thérapeutique est avant tout une rencontre dans laquelle le thérapeute a pour objectif d'approcher l'univers existentiel du patient. Cette démarche, qui va rencontrer un important retentissement aux Etats-Unis, est le point de départ de la "psychologie humaniste", troisième force entre la psychologie behavioriste et la psychanalyse. C.Rogers est l'un des leader de ce mouvement. Après mai 1968, les thérapies humanistes se sont largement répandues en Europe, notamment en France, changeant la physionomie de la psychothérapie. 

Les thérapies comportementales et cognitives  ou TCC s'appuient sur la psychologie expérimentale et notamment sur les lois du conditionnement et de l’apprentissage ou encore les processus et schémas de pensée et les croyances.  On assiste actuellement à une troisième vague au sein des TCC avec les approches qui cherchent avant tout à  changer la relation du patient avec ses symptômes comme dans la méthode ACT qui vise à accepter les facteurs perturbants à partir de techniques de méditation. 

Les thérapies systémiques reposent sur les théories développées par G.Bateson et P.Watzlawick (école de Palo Alto) qui situent l'origine des troubles, non au niveau individuel, mais qui l'impute au "système" dans lequel l'individu est placé, le premier de ces systèmes étant le système familial. Ce n'est pas l'individu qui est malade mais le réseau de communication familial qui est pathogène. Ce courant est à l'origine des thérapies familiales. 

Les différentes approches se sont affrontées, rapprochées, croisées, donnant naissance à d'autres démarches encore comme la gestalt-thérapie ou l'analyse transactionnelles (AT) et la psychothérapie de groupe, dont l'auteur nous rappelle qu'elle est "l'innovation méthodologique la plus importante de la seconde moitié du 20e siècle". 

Les démarches se sont donc multipliées, ce qui constitue une réelle richesse, à condition que chacune ne cherche pas à s'imposer comme étant la meilleure. L'auteur indique que si l'on retient les démarches reconnues et organisées au niveau international, une quinzaine d'approches coexistent. 

On observe aussi une spécialisation des thérapeutes proposant des offres dédiées à la famille, au couple, tenant compte de l'âge ou de la nature du trouble. On trouve donc des thérapeutes "généralistes" et des "spécialistes", ce qui amène à l'effacement de l'affiliation à une école devant la spécificité du public ou du trouble pris en charge. 

Il importe d'évaluer les psychothérapies. Cela s'est fait aux Etats-Unis, notamment avec les TCC qui visent à éradiquer les symptômes. Les difficultés méthodologiques demeurent car il est difficile d'évaluer une psychothérapie comme on évalue un médicament. Cependant il est constaté que la psychothérapie a globalement un effet positif sur l'état des patients et qu'aucune méthode ne serait supérieure à une autre. Certaines thérapies sont plus efficaces en fonction des troubles : les TCC sont plus souvent efficaces pour traiter les phobies. D'autre part, des facteurs transversaux sont à prendre en considération (qualité de la relation, motivation...) et joueraient un rôle plus important que la méthode, ce qui devrait inviter chaque école à plus de modestie. 

Pour conclure, l'auteur souligne que ces constats invitent à relativiser la focalisation sur les différences entre écoles et à valoriser les notions de "facteurs transversaux" (qualités humaines de la relation, motivation, implication des partenaires...). Cela permet d'introduire l'idée d'une unité potentielle de la psychothérapie au delà de sa bien réelle diversité. 

Par Marie Risterucci, Psy EN