lundi 8 juin 2020

Résumé de l'article : "Comprendre l'addiction à la violence" de Maël VIRAT parut dans le n°56 de la revue "Les Cahiers Dynamiques" (03/2012)

L'auteur propose d'apporter un éclairage concernant la violence à l'adolescence, en se référant à la théorie de C. et D. Favre, un modèle décrivant trois systèmes de motivation (1993).
La motivation de sécurisation implique une récompense (gain matériel, reconnaissance) orientée vers ce qui est connu (habitudes, routine) comme un repas préparé par leur mère. Cette motivation s'efface quand l'individu est sécurisé: fumer pour s'intégrer puis arrêter une fois intégré. Chez certains ado, cette motivation perdure car ils n'ont jamais le sentiment d'être pleinement acceptés. Ils peuvent continuer à prendre des risques pour l'être. La motivation d'innovation, prépondérante à l'adolescence, permet de tirer du plaisir lors d'un gain d'autonomie. La récompense est interne : donner du sens, prendre plaisir à ce qu'on fait (lire, apprendre...). Elle est orientée vers la découverte, la création (voyager, rencontrer de nouvelles personnes, découvrir des saveurs). Inépuisable, elle a des conséquences positives chez l'ado: persévérance, bien-être... Lorsque les besoins de sécurité, biologiques mais aussi d'acceptation, d'estime, ne sont pas satisfaits, l'adolescent n'a pas accès à la motivation d'innovation. C'est alors la motivation de sécurisation parasitée qui est activée. L'adolescent ne fait les choses qu'à condition qu'elles lui apportent la reconnaissance et l'acceptation dont il manque. Il devient dépendant d'autrui (par exemple, un devoir n'a d'intérêt que s'il est noté). Il refuse aussi de faire ce qu'il ne connait pas. Cela entraîne une addiction: en vouloir toujours plus (amis sur FB, encouragements... ) sans jamais être véritablement satisfait.

Le sentiment d'insécurité se manifeste par des symptômes anxieux et dépressifs, que Favre a pu observer en 2007 chez des collégiens désignés comme violents. La violence serait une tentative de rétablir un sentiment de sécurité. Il s'agit de rendre l'autre faible, mal à l'aise pour se sentir soi-même fort. Favre interprète la violence comme un anxiolytique et y voit à l’œuvre la motivation de sécurisation parasitée. Elle serait une addiction. A partir de là, il expérimente des stratégies de prévention auprès d'ado en grandes difficultés sociales. Le principe est d'envisager le traitement de la violence comme un sevrage. Une première piste consiste pour l'éducateur à considérer positivement l'adolescent, y compris au travers des actes violents. L'adolescent, pour être sécurisé, doit sentir qu'il est reconnu en tant que personne, avec ses pensées et sentiments. Ceci suppose l'interdiction de la pratique de l'exclusion. Cette approche de sécurisation affective a fait ses preuves. Une seconde piste consiste à éviter d'avoir recours à la récompense externe mais à stimuler la curiosité, l'envie d'apprendre, en s'appuyant sur des activités type défis, projet, et d'aider l'ado à reconnaître le plaisir pris dans ces activités. Les ados issus de milieu défavorisé s'en sortent mieux dès lors qu'ils accèdent à la motivation d'innovation.

Construire un sentiment de sécurité, accompagner les jeunes vers le plaisir d'apprendre et de gagner en autonomie, permet d'endiguer la violence. 

Marie Risterucci, Psy EN